Hypertexte

L'hypertexte dans les réseaux numériques déterritorialise le texte, la lecture n'est plus linéaire, l'ajout de liens renvoyants à d'autres paragraphes ou à d'autres textes, demande l'actualisation du texte.  C'est l'interaction qui rend l'hypertexte virtuel. L’hypertexte ajoute une couche de virtualité au texte qui possède déjà en lui de la virtualité. Il faut que la subjectivité humaine entre en jeu pour que puissent apparaître le couple virtuel -   actuel, il faut que le lecteur virtualise le texte comme il le ferait avec un texte traditionnel. L'hypertexte est une hierarchisation du texte et fonctionne de la même manière que la lecture dans son principe de base, c’est à dire par une mise en relation de pages avec d'autres pages.

Dans le cas d’un texte classique, le lecteur virtualise le texte dans son esprit en le reliant à d’autres paragraphes ou à d’autres textes dont il a connaissance, il procède de la même manière avec l’hypertexte, avec ceci de supplémentaire que l’hypertexte relie de lui-même des textes avec d’autres textes. La subjectivité humaine est toujours sollicité pour choisir les liens sur lesquels l'utilisateur va cliquer. L'hypertexte devient un guide de lecture non impératif qui donne au texte une valeur ajoutée de virtualisation. Les liens contenus dans un document hypertexte nous renvoient instantanément vers d’autres textes, ces textes nous renvoyants à d’autres, et ainsi de suite… La virtualisation est d’autant plus grande que les pages Internet ne sont pas figées, elles sont soumises aux modifications de leurs auteurs, aux déplacements, à l’ajout et au retrait de contenu.

On parle d'hypertexte aussi bien pour des pages de textes que des pages mixants divers médias tels que sons, images et vidéos. L'interaction  de l'homme avec la machine crée l'espace virtuel dont il est question dans les réseaux. L’interprétation, la subjectivité humaine, l’interaction de l’homme avec le réseau Internet est seule responsable de la virtualisation, en effet des ordinateurs communicants seuls ne sauraient créer un espace virtuel, car ils ne possèdent pas la capacité subjective et interprétative réservées jusqu’à ce jour à l’homme uniquement. A ce jour, même les plus puissants programmes d'intelligence artificiel ne possèdent pas d'équivalent avec la subjectivité humaine, ils possèdent tout au plus des capacités d'interprétation toutes relatives, les limites en sont montrées  par les énormes difficultés qu'ont les chercheurs pour créer des systèmes de traduction de langues où les meilleurs programmes font des erreurs de sens en raison de la complexité des contextes et des grammaires, ils ne peuvent pas interpréter le texte, lui donner du sens

L'hypertexte virtualise le texte et peut fonctionner sur d'autres supports que le réseau ( sur CD-Rom par exemple), toutefois c'est sur le réseau qu'il prend toute son ampleur. En effet les liens qui le composent peuvent mener à d'autres parties du texte, à d'autres textes provenants du même site, mais aussi renvoyer à d'autres sites, de telle manière qu'en suivant les liens on finit par « sortir » du texte de départ, le perdre de vue. Le texte n'étant pas « Le centre » du réseau mais « un centre » au même titre que toute information et cela en raison de l'architecture en rhizome qui place chaque texte au même niveau les uns par rapport aux autres.

Les liens qui composent l'hypertexte peuvent être comparés aux notes de bas de page si chère à Anne Cauquelin, de la même manière, les renvois effectués par les liens ouvrent le texte sur l'extérieur, sur d'autres textes, sur d'autres auteurs, et délocalisent l'œuvre en la mettant en relation avec d'autres œuvres. Cependant, dans le cas des notes de bas de page, il existe un document principal auquel les notes sont rattachées et où nous revenons dès que nous avons pris connaissance des notes. Dans le cas de l'hypertexte, il n'y a plus de document principal ou plus précisément chaque document devient le document principal dès qu’il est affiché.

Chaque parcours possible dans l’hypertexte constitue autant de textes ou de lectures possibles que l’on peut construire au gré des navigations. La navigation hypertextuelle s’impose alors comme un modèle plus riche que la lecture linéaire classique. La navigation profite de la non linéarité des parcours possibles pour enrichir les sens de lecture, sens comme choix que l’on fait dans le réseau et sens comme lecture et compréhension.