Conclusion.

Les rapides changements technologiques s’accompagnent d’un accroissement du champs d’activité des artistes. Le Web en est un exemple. L’art crée spécifiquement pour le Web est encore un domaine récent, n’oublions pas qu’il n’est véritablement accessible pour le grand publique que depuis 1989. Toutefois de plus en plus de sites voient le jour. Associant la communication et la technologie numérique permettant de traduire presque toute source analogique en série de chiffres, le Web devient un espace de diffusion et de performation de l’art. Le site Web sort les œuvres des galeries et de toutes structures de monstration habituelles, avec cependant de plus en plus de retour des œuvres vers les galeries et les lieux d’exposition habituels.

En effet, il semble qu’avec le développement exponentiel du réseau, les œuvres qui ne sont pas référencées soient noyée dans l’espace virtuel du réseau. Ainsi le fait de présenter l’œuvre ou le projet par l’intermédiaire d’une fenêtre ouverte dans une galerie reste pour le moment le moyen le plus efficace pour référencer les œuvres.

L’espace du Web s’apparente à l’espace lisse décrit par Deleuze et Guattari, « il est infini en droit, ouvert ou illimité dans toutes les directions ; il n’a ni envers ni endroit, ni centre ; il n’assigne pas des fixes et des mobiles, mais distribue plutôt une variation continue »[1]. En un mot, il est « rhizome ».

Il délocalise les œuvres, les œuvres qui sur Internet ne sont à la base que de l’information. Tout comme l’information, ces œuvres sont virtuelles, elles se détachent du lieu, se multiplient ou se clonent en chaques points consultés du réseau.

Les sites qui contiennent ces œuvres sont des lieux d’exposition déterritorialisés, ils ne possèdent pas de limites fermées, leurs limites sont ouvertes et mouvantes, leur contenu se modifie par retraits et ajouts, par contributions. Outil de communication avant tout, Internet donne l’ubiquité à tout ce qui le parcourt, détaché d’un ici et maintenant, l’information circule de point en point dans le réseau en étant partout à la fois.

On peut considérer que le réseau Internet est lui-même un site, ce site étant une accumulation de multiples autres sites qui le composent sans hiérarchie aucune entre eux. Chaque site étant un ensemble de points du rhizome aux frontières non délimitées. Eux-mêmes sont des points du rhizome, les pages qu’ils contiennent, les œuvres que contiennent ces pages, les œuvres elles-mêmes en tant qu’assemblage de pages ou de divers média, tout ces éléments sont des points du rhizome. En se connectant le visiteur n’est plus spectateur mais devient un hybride entre spectateur,  utilisateur et contributeur de l’œuvre, il devient lui-même un point du rhizome.



[1] Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille Plateaux, Paris, Les éditions de minuit, 1997, p.594.